Semaine 18
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Aucun déplacement
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Le 28 novembre
Journée majoritairement grise avec pluie. Après souper, nous entendons à la VHF un avertissement de l'arrivé d'une ligne de grain avec de très fort vent arrivant de l'ouest. Nous vérifions le tout sur le radar de la Martinique et la ligne de grain semble très forte. Nous avisons immédiatement nos amis proches et c'est le branle bas de combat sur Prana. Nous vérifions le kayak, les bidons sur le pont, remontons l'annexe et nous l'attachons comme pour une navigation. Les lumières de têtes sont a porté de main et en mode rouge (pour maintenir notre vision de nuit), les imperméables sont prêts et nous mettons tout à l'abris (table pliée, coussins et chaîses dans le coffre). Nous avons juste le temps de compléter les préparatifs et les bateaux commencent à tourner vers l'ouest (vers la mer). La vague se forme. Nous sommes maintenant avec toute la flotte de bateaux devant nous et comme l'ensemble des ancres sont placées pour un vent de l'est, nous nous attendons à ce que plusieurs bateaux chassent vers nous avec ce revirement de vent. Heureusement c'est Julie XIII qui est devant nous et il est bien ancré.
Le front nous a fait une belle peur (35kn de vent et mer de 4pi) et nous avons veillé jusqu'à 24:00. Finalement 1 bateau a chassé vers nous mais a manoeuvré assez rapidement pour nous éviter. Puis les vents ont baissé et nous avons pu aller dormir un peu en maintenant une oreille attentive.
Les journées suivantes (2 jours), le vent est resté fort et de l'ouest avec une bonne mer, et du roulis important au mouillage. Comme quoi ce n'est pas toujours les vacances sur un voilier.
Le 2 décembre
La journée commence avec sa routine habituelle. Denis nous fait un bon déjeuner québécois (oeuf et rôtis). Le météo est plus clémente et les vents sont de retour vers l'est. Triumph est de retour dans le mouillage avec notre bonbonne de propane. À 15:00 nous allons les saluer avant d'aller prendre Marie-Léa et Hervé pour se rendre à terre pour une marche, mais les évènements en auront décidé autrement.
Un secours qui se termine mal
À 15:00, nous étions dans notre annexe en compagnie de Marie Léa et Hervé nos amis Français et nous nous dirigions vers le quai de Ste-Anne pour une marche de santé. En route nous apercevons une annexe à la dérive puis un homme sur le dos qui flottait à environ 10m de celle-ci. Il semblait en problème. Nous nous dirigeons rapidement vers lui et le hissons à bord de notre annexe avec beaucoup de peine car il n'offrait aucune aide. Il était semi conscient et les lèvres bleues avec une respiration très laborieuse.
Nous avons dû faire des manœuvres de réanimation en se rendant au quai. Sur place Hervé descends et va chercher du secour, pendant que l'on ( Denis, MarieLéa et Louise) continuons les manœuvres. Les gens commencent à s'attrouper mais les secours sont long à venir. La personne repêchée est maintenant cyanosée du visage et commence à prendre une pâleur cireuse. Il n'a plus de pouls et ne respire pas. Ça faisait 20 minutes que nous avions commencé les manoeuvres. On décide d'arrêter, nous avions désormais un cadavre dans l'annexe.
Les secours m'ont parlé au téléphone avant leur arrivé sur les lieux et voulaient que l'on continu les manœuvres que nous venions d'arrêter. Mais pas de pouls carotidien et il était vraiment mort.
Une bonne demie heure plus tard les pompiers arrivent et ils montent le pauvre homme au bout du quai et essaient de le réanimer avec le défibrillateur et les massages et de l'oxygène mais sans résultat.
Nous les deux infirmières, nous les avons laissé travailler et nous nous sommes éloigné au parc. La gendarmerie nous à poser des questions et prit nos dépositions.
Denis qui est resté sur le quai alors que les autorités manœuvraient a entendu le médecin du SAMU dire qu'il avait dû avoir un malaise avant de tomber dans l'eau. Il ne devait pas avoir l'air d'un noyé.
Nous avions aucune idée qui était ce monsieur, pour apprendre qu'il était un de nos voisins d'ancrage depuis un bon mois. Par chance qu'il y avait un autre voisin Suisse comme lui qui le connaissait. Il vivait seul sur son bateau. Il avait aussi une grande cicatrice d'opération thoracique.
2 heures plus tard (vers 16:50) les pompes funèbres l'on embarqué et nous avons été prendre un apéro à Paille Coco avec nos amis pour décompresser un peu.
Ça fait drôle parce que son bateau est juste en avant du notre. Présentement ( le 3 déc.) deux plongeurs de la gendarmerie semblent chercher dans le fond son sac à dos car son ami disait qu'il avait souvent un sac à dos.
On a augmenté d'une coche notre liste de sauvetage...et nous espérons ne pas revivre ceci.
Malgré tout, nous avons bien dormi mais on fait des suppositions. Nous avons agi en bon samaritain et nous étions serein avec cela.
Dans les jours suivants, nous rencontrerons sa fille et son fils qui arrivent de la Suisse pour s'occuper de leur père. Nous apprendrons qu'il avait 78 ans, il ne prenait plus ses médicaments depuis quelques jours et que l’autopsie a révélé une mort par malaise cardiaque.
Le 3 décembre
Nos amis Marie-Léa et Hervé nous reçoivent pour souper sur Julie XIII. Une petite douceur pour terminer cette semaine pleine d'émotions.