30 juin 2020

Grenade (Vers Montréal)
- Que de péripéties! ¸
- Du 20 au 26 mars
- Jour 3519 à 3525

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Aucun déplacement
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Sur PRANA




Préparation du bateau entre les différentes conversations et annonces qui vont dans tous les sens et qui changent de minutes en minutes. Le groupe s'organise et chacun apporte une expertise crucial à notre départ. Un tout spécial remercient à Marlène et Paul de BLÜ dans ce rapatriement. 
Prana est sortie de l'eau le 24 mars et la préparation qui prend normalement 5 jours à du se faire en  mode express. L'avion est cédulé le 26 mars.

Le 24 mars. Sortie de l'eau


Bye Bye Prana.
Espérons te revoir en Novembre...

Finalement nous aurons été sur la corde raide jusqu'à la dernière minute. Même à l'aéroport, nous n'étions pas certain de prendre l'avion comme en fait foi la photo qui suit. De plus on nous annonçait une quarantaine de 14j possible à Toronto ce qui ne fut pas le cas. Arrivé dans nos quartiers d'été pour une quarantaine de 14j vers 3h du matin, fatigué mais heureux du déroulement. Place au repos!



EXTRAIT DU BLOG DE BLÜ (Marlène et Paul) qui résume très bien ce que nous avons vécu avant notre départ de Grenade - Lien pour le blog complet
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Revirement, 18-22 mars 2020 : phase 1
Partout dans le monde, la situation se corsait. À Grenade, les montagnes russes sont devenues notre quotidien. Les directives officielles étaient souvent contradictoires, parfois annoncées tard dans la journée et même dans la nuit. Voici un résumé de notre journal de bord :
• Fermeture de l’aéroport Maurice-Bishop de Grenade le 23 mars à 23 h 59; fermeture confirmée par Affaires mondiales Canada, par le biais du Haut-commissariat (HC), avec la mention que les vols d’Air Canada pour Toronto, prévus les 24, 26, 28 et 31 mars, seront annulés. On nous conseille de s’organiser en passant par la Barbade.
• Il est important de noter qu’Air Canada n’a jamais annulé ces vols.
• Courriel d’Affaires mondiales Canada contredisant le précédent. Même si l’aéroport est fermé, les vols d’Air Canada seraient maintenus.
• Obligation de demeurer sur notre bateau et de ne pas se réunir avec nos collègues tout en limitant nos discussions en personne, sous peine d’amende et d’emprisonnement.
• Sortie de l’eau du voilier annulée, sur ordre du ministère de la Santé. Quarantaine de 14 jours obligatoire, même si nous sommes arrivés avant le décret.
• Fermeture et surveillance des deux quais à dinghy de notre baie, Prickly.
• Fermeture graduelle de tous les ports d’entrée de Grenade.
• Pendant ce temps, les deux autres chantiers navals de l’île continuent à sortir les bateaux de l’eau !
Revirement, 23-24 mars 2020 : phase 2
Quelques jours auparavant, Denis (Prana) a ouvert un groupe Messenger regroupant la flottille de la Martinique. Plusieurs anglophones du Reste du Canada s’y sont joints. Une belle concertation s’enclenche pour faire avancer les choses. André, du voilier Boréas, et moi, travaillons ensemble pour préparer une communication au gouvernement fédéral. Des courriels sont ainsi envoyés à Affaires mondiales Canada et aux ministres fédéraux des Affaires étrangères et des Transports. Par la suite, je communique avec le cabinet du premier ministre du Québec.
• Le matin du 23 mars, le chantier naval nous informe que les sorties de l’eau d’Entomo et de BLÜ sont annulées. J’envoie un deuxième courriel au chantier naval, faisant valoir que les deux autres chantiers sortent les bateaux de l’eau.
• Le 24 mars, j’envoie un troisième courriel avec des photos, montrant les bateaux sortis de l’eau par un chantier concurrent.
• La même journée, je fais parvenir un courriel à Marine & Yachting Association of Grenada leur demandant d’intervenir.
• Revirement de situation en après-midi. Acceptation du chantier naval de sortir de l’eau Entomo, le 25 mars à 14 h et BLÜ, le 26 mars à 9 h, sous certaines conditions: rester « tranquille » et strict quarantaine sur le terrain du chantier avant notre départ.
Revirement, 25 mars 2020 : phase 3
Vers 12 h 30, on annonce à la radio VHF que le premier ministre de Grenade fera une communication importante à 13 h. Je sens que l’étau va davantage se resserrer. Je communique immédiatement avec le chantier naval afin de demander une sortie de l’eau pour l’après-midi même, craignant un arrêt de travail immédiat de toutes les industries.
• Surprise ! BLÜ sortira à 15 h, soit juste après Entomo.
• Branle-bas de combat pour préparer le bateau au levage, alors que le premier ministre de Grenade annonce l’état d’urgence limité, à compter de 18 h.
• Vers 14 h, Entomo fait des tours dans la baie en attendant que la darse se libère; il y aura du retard.
• Vers 15 h 15, nous partons le moteur et relâchons le mooring.
• Nous faisons des tours dans la baie en attendant que la darse se libère.
• À 15 h 28 la darse se libère. Le chantier naval nous informe que nous avons 2 minutes pour nous y rendre; après ce délai, le chantier ferme.
• Paul y va à plein gaz; je me positionne en avant pour lancer les amarres au personnel.
• Vers 15 h 45 BLÜ est finalement sortie de l’eau.
• Revirement dans les vols : dans l’après-midi, le HC nous incite fortement à devancer notre vol du 28 mars pour le 26 mars, craignant une annulation suivant l’état d’urgence limité annoncé par le gouvernement.
• Nous réussissons à devancer notre vol au 26 mars; nos amis Guylaine et Guy n’y parviennent pas, malgré des efforts pour trouver des sièges.
• Revirement : on annonce à la radio VHF que les vols du 28 et du 31 mars seront maintenus.
• Nous mettons les bouchées doubles, voire triples, pour finaliser l’entreposage du bateau, car nous quittons dans moins de 24 heures. Normalement, les travaux d’entreposage s’étalent sur une semaine !
Revirement, 26 mars 2020 : fin
Nous avons vécu des moments forts avec Guylaine et Guy. Nous sommes peinés de ne pouvoir retourner au Québec ensemble. Mais nous sommes rassurés de savoir qu’ils partiront deux jours plus tard.
• Coup de théâtre : au moment du décollage du vol AC1733 vers Toronto, le commandant de bord nous informe qu’il s’agit du dernier vol de Grenade vers Toronto. Mon cœur n’a fait qu’un tour !
• Agente de bord n’est pas en mesure de nous informer. Denis a toutefois une communication écrite du HC à l’effet que les vols du 28 et du 31 auront lieu.
• Arrivés à Toronto, nous vérifions à nouveau. Ces vols auront bien lieu.
En voile, nous devons constamment nous adapter à toutes sortes de situations hors de notre contrôle : météo, avaries, contraintes d’approvisionnement, sécurité, etc. Jamais nous n’aurions pensé qu’une situation de pandémie mondiale s’ajouterait à la liste des impondérables.
Les différents pays et États ont certes la responsabilité de mettre en place des mesures restrictives et évolutives pour protéger leurs concitoyens, particulièrement dans le cas d’une pandémie mondiale. Les approches, ainsi que les moyens financiers et humains, varient d’un pays à l’autre. Nous devons toutefois respecter les us et coutumes, ainsi que les lois des pays qui nous accueillent. Ceci ne nous empêche pas de tenter de nous en sortir. Dans notre cas, nous souhaitions regagner notre pays. Dans le dénouement de cette « histoire », plusieurs facteurs ont fait la différence : la solidarité entre navigateurs, la volonté de ne jamais abandonner, la collaboration de notre chantier naval, malgré les circonstances difficiles, ainsi que l’appui de nos familles.
Nous n’avons jamais été aussi heureux de réintégrer le bercail et de retrouver notre sérénité. Nous pensons à nos collègues navigateurs qui sont restés dans les Antilles, par choix ou non. Les restrictions se sont entre temps corsées un peu partout, mais nous ne perdons pas espoir de voir arriver de meilleures conditions. Nous suivons la situation de près, demeurons en communication et sommes de tout cœur avec eux.
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